Reconnaître le consensus scientifique.
Utiliser la biotechnologie verte.
Ne pas empêcher la technique CRISPR/Cas.
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Utilisons la biotechnologie verte. Ne la freinons pas.

L’agriculture devra accroître ses rendements de 50% d’ici à 2050. Pour cela, il faut des idées innovantes qui s’imposent comme une urgence au vu du changement climatique et de la croissance démographique. Parmi celles-ci, il y a les méthodes de la biotechnologie verte. Alliées à d’autres innovations, elles peuvent aider à nourrir le monde de manière plus durable. La technique CRISPR/Cas9, dite des ciseaux moléculaires, a déjà révolutionné la sélection végétale, pour le bien de tous. Elle a valu aux deux scientifiques à l’origine de leur découverte, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, le prix Nobel de chimie 2020. Il est temps que la Suisse aussi reconnaisse les acquis de la biotechnologie moderne. 

Décision historique du Conseil des Etats – mais rien n’est encore gagné

Le Conseil fédéral veut prolonger de quatre ans, jusqu’en 2025, le moratoire sur le génie génétique en vigueur depuis 2005. Parallèlement, la modification de la loi sur le génie génétique prévoit également un durcissement. Ainsi, les nouvelles méthodes de culture, comme par exemple l’édition du génome, seraient également soumises au moratoire. Ainsi, la loi révisée sur le génie génétique serait même renforcée. Lors de la session d’automne, le Conseil national a approuvé le projet du Conseil fédéral. Parallèlement, il a chargé le Conseil fédéral de collecter encore plus de données sur les nouvelles méthodes de culture au cours des quatre prochaines années. 

Pour les scientifiques, le cas est clair : les plantes éditées par le génome devraient être autorisées, à condition qu’elles n’aient pas été modifiées avec de l’ADN étranger. Plusieurs pays sont déjà passés à ce régime. Prétendre qu’il faut encore plus de connaissances sûres concernant les nouvelles méthodes de culture n’est donc plus compréhensible.

Une courte majorité du Conseil des États l’a également reconnu. Lors de la session d’hiver, la Chambre haute a décidé que les plantes génétiquement modifiées pouvaient également être cultivées en Suisse sous certaines conditions. Il s’agissait d’une décision historique. La politique d’interdiction stricte des 16 dernières années a été brisée pour la première fois. Pour la communauté scientifique et l’industrie de la recherche, il s’agissait d’un signal précurseur. Car il est clair que si la Suisse ne veut pas perdre sa place dans cette technologie clé, il faut maintenant modifier la pratique d’autorisation.

Le projet du Conseil fédéral va maintenant retourner au Conseil national. Lors de la session de printemps 2022, celui-ci débattra à nouveau de la modification de la loi sur le génie génétique. Il est difficile de prévoir ce qui en sortira. Nous avons toutefois bon espoir qu’une libéralisation au moins partielle soit décidée à la fin des délibérations.

Grâce à de nouvelles techniques, on peut à présent modifier avec précision le patrimoine génétique d’une plante pour améliorer ses mécanismes d’autodéfense. Dans son résultat, cette méthode ne diffère pas des méthodes de sélection traditionnelles. À la différence près que la sélection végétale doit attendre pendant des décennies que des croisements fortuits se produisent. Mettre l’édition génomique sur le même niveau que les méthodes courantes du génie génétique ne fait pas honneur à la science. Elle a besoin de sa propre base légale.

Actualité

Appel des chercheuses et des chercheurs pour une procédure d’homologation par produit

La politique suisse est sur le point de commettre une erreur lourde de conséquences. Le Conseil fédéral demande de prolonger une nouvelle fois le moratoire sur le génie génétique. Selon le projet, le moratoire devrait s’appliquer aussi aux méthodes de sélection végétale basées sur les ciseaux moléculaires. Un tel durcissement est dénué de tout fondement scientifique. L’appel des scientifiques demande de mettre un terme à cette politique d’interdictions sans fondement scientifique. Il est temps d’adopter une procédure d’homologation par produit pour les plantes obtenues par édition génomique.

En 2005, le peuple et les cantons ont dit oui à un moratoire sur le génie génétique. Depuis, le moratoire est reconduit tous les quatre ans, alors qu’en 2012 déjà, le programme de recherche 59 du Fonds national a montré que la sélection végétale par génie génétique est sans danger. Du point de vue de la recherche, l’écart entre le consensus scientifique et la réglementation décidée au niveau politique à chaque prolongation du moratoire est de plus en plus choquant.

La recherche a accompli des pas de géant depuis l’introduction du moratoire il y a 16 ans. Grâce à des techniques nouvelles, tels les ciseaux moléculaires, la sélection végétale est entrée dans une nouvelle dimension. Les soumettre automatiquement au moratoire revient même à durcir le cadre législatif. Cette mesure ne se justifie d’aucune sorte sous l’angle scientifique.

Les possibilités de l’édition génomique offrent une chance inouïe pour plus de développement durable. Les ciseaux moléculaires comme les CRISPR/Cas permettent de modifier des plantes cultivées avec une précision sans précédent. On aide ainsi les plantes à mieux se défendre par elles-mêmes. En améliorant les résistances, on réduit l’emploi des produits phytosanitaires, on garantit les récoltes et on préserve les ressources. Compte tenu des défis actuels et futurs, dont le changement climatique et la croissance démographique mondiale, il est incompréhensible que certains veuillent bloquer ces solutions.

Dans de nombreux pays, la culture de variétés éditées d’une façon ou d’une autre par génie génétique est une réalité depuis longtemps. Et tels les résultats d’un grand nombre d’études et de projets à long terme sur les risques des plantes OGM pour l’être humain et la nature, leur ensemencement n’a montré aucun effet négatif. Le consensus scientifique sur la sécurité du génie génétique est établi. 

Il est temps que la Suisse aussi adopte une politique qui évalue le produit pour lui-même et qu’elle cesse d’interdire dans un souci de précaution des méthodologies et des technologies prometteuses. Au jour d’aujourd’hui, une législation basée sur les preuves nous semble élémentaire.

Il ne fait pour nous aucun doute que les plantes obtenues par édition génomique ne peuvent pas être assimilées à des OGM. Nous exigeons une homologation par produit et nous élevons contre les interdictions à l’emporte-pièce.

Dr. Teresa Koller, Universität Zürich
Dr. Angela Bearth, ETH Zürich
Prof. Beat Keller, Universität Zürich
Dr. Jörg Romeis, Universität Bern
Prof. Sebastian Soyk, Université de Lausanne
Prof. Bruno Studer, ETH Zürich
Prof. Daniel Croll, Université de Neuchâtel
Prof. Markus Affolter, Universität Basel
Prof. Wilhelm Gruissem, ETH Zürich
Dr. Manuela Dahinden, Zurich-Basel Plant Science Center
PD Dr. Thomas Wicker, Universität Zürich
Dr. Norbert Kirchgessner, ETH Zürich
Dr. Roland Kölliker, ETH Zürich
Prof. Niko Geldner, Université de Lausanne
Prof. Christian Fankhauser, Université de Lausanne
Prof. Christian Hardtke, Université de Lausanne
Prof. Philippe Reymond, Université de Lausanne
Prof. Joop Vermeer, Université de Neuchâtel
Dr. Philipp Aerni, Center for Corporate Responsibility and Sustainability, Universität Zürich
Prof. Ueli Grossniklaus, Universität Zürich
Prof. Matthias Wymann, Universität Basel
Prof. Alexander Schier, Universität Basel
Sabrina Flütsch, ETH Zürich
Florian Schwanke, Universität Zürich
Nicole Härter, Universität Zürich
Vinay Shekhar, Universität Zürich
Markus Kolodziej, Universität Zürich
Lucas Waser, Universität Zürich
Victoria Widrig, Universität Zürich
Tiago Meier, Universität Zürich
Prof. em. Reinhard Bachofen, Universität Zürich
Alex Plüss, Universität Zürich
Dr. Christof Eichenberger, Universität Zürich
Dr. Kinga Rutowicz, Universität Zürich
Stephanie Bräunlich, Universität Zürich
Martha Thellmann, Universität Zürich
Daniel Grogg, ETH Zürich
Susanne Dora, ETH Zürich
Dr. Alain Grogg, Haute école spécialisée de suisse occidentale
Henning Mühlenbeck, Universität Zürich
Jana Mittelstrass, Universität Zürich
Oliver Reutimann, ETH Zürich
Dr. Thomas Bürglin, Universität Basel
Anugraha Mathew, Universität Zürich
Zoe Bernasconi, Universität Zürich
Florian Goettelmann, ETH Zürich
Rebecca Leber, Universität Zürich
Beatrice Manser, Universität Zürich
Aline Herger, Universität Zürich
Dr. Manuel Poretti, Institute of Plant Sciences, Universität Bern
Anna Spescha, ETH Zürich
Dr. Elisabeth Truernit, ETH Zürich
Dr. Alexander Haindrich, Universität Bern


Jeunes chercheurs:

Xavier Gaudet, Universität Zürich
Anna Glaus, Universität Zürich
Elina Leu, Universität Zürich
Philippe Gadient, Universität Zürich
Elena Zahner, Universität Zürich
Natalie Judkins, Universität Zürich
Mauro Gwerder, Universität Bern
Lara Gafner, ETH Zürich
Esther Jung, Universität Zürich
Milena Amhof, Universität Zürich
Ursin Stirnemann, Universität Zürich
Stefan Lindner, Universität Zürich
Gabor Kadler, Universität Zürich
David Stähli, ETH Zürich
Charlotte Kaufmann, ETH Zürich
Marc Beringer, Universität Freiburg
Cyrill Hofer, Universität Zürich
Kai Steffen Bartusch, ETH Zürich

La voix de la science

Les scientifiques qui soutiennent l’appel «Science for CRISPR» travaillent dans des universités, des hautes écoles et d’autres institutions de la recherche en Suisse. Ils donnent une voix au consensus scientifique. Cette voix est plus importante que jamais pour la recherche suisse. Rejoignez le mouvement pour que la culture des plantes obtenues par l’édition génomique ne tombe pas sous le coup de la loi sur le génie génétique.

La sélection moléculaire des plantes expliquéé

©J.l. Cereijido / EPA
  • La progression démographique et le réchauffement climatique nous obligent à innover dans la production alimentaire.
  • La biotechnologie verte offre des réponses aux défis qui attendent l’agriculture à l’échelle de la planète.
  • En 2020, les deux chercheuses qui ont découvert la technique CRISPR/Cas9 ont remporté le prix Nobel. Une manifestation éclatante du consensus scientifique sur la question.
  • Inscrire l’édition génomique dans l’actuelle loi sur le génie génétique est une stratégie à courte vue.
  • Le moratoire sur le génie génétique n’est pas le bon outil juridique pour réglementer la technique CRISPR/Cas.